La culotte à l’envers

Regards sur notre monde

Swissair, la justice et le sudoku

Posted by blongo sur 10 juin 2008

Tout le monde se souvient de l’affaire Swissair. De la faillite du fleuron de l’Helvétie aérienne en 2001. Du plus médiatique procès économique jamais tenu dans le pays de janvier à juin 2007. Et surtout du verdict pour les 19 accusés ce fameux 7 juin 2007: acquittés !!! Si, si acquittés !!! De vrais innocents les Mario Corti, Philippe Bruggisser et autres Lukas Muehlemann.

Vous avez été écoeurés par ce verdict surprenant, mais si attendu, vous n’avez rien compris à cette issue pourtant convenue dans le monde économico-politique actuel, vous ne comprenez plus rien aux décisions de la justice. Après une enquête fine et fouillée, la solution à cet imbroglio sans dénouement crédible est enfin apparue. Grâce à l’intervention fort à propos de la justice… australienne.

Vous êtes perdus? Remontons 66 jours en arrière, dans le courant du mois d’avril 2008 pour être précis. C’est alors qu’a commencé un grand procès à Sydney, une audience certes moins tendue que celle de Bülach en 2007, mais néanmoins importante dans la ville. Il s’agissait du procès de deux hommes qui risquaient la perpétuité pour trafic de drogue.

La procédure a également coûté cher aux contribuables australiens: pas la perte de leur si chère compagnie aérienne, mais l’équivalent approximatif d’un million de francs. Donc pas des cacahuètes, mais rien à voir avec Swissair.

Et, après 66 jours d’audience, plusieurs jurés, qui semblaient prendre religieusement des notes depuis le début, ont été surpris en train de jouer au sudoku pendant les débats!!! Le juge a donc décidé d’annuler le procès des deux hommes et un nouveau commencera dans quelques semaines.

« Cela m’aide à garder mon esprit concentré », a admis le juré principal, qui a reconnu devant le juge que quatre à cinq des membres du jury avaient quasiment passé la moitié du procès à jouer au Sudoku. « Certaines des preuves sont plutôt compliquées et je trouve difficile de maintenir tout le temps mon attention et cela ne me distrait pas trop de la procédure », s’est-il justifié. Et toc!

Dans une transposition, on le concède peut-être un peu hasardeuse, imaginons le procès Swissair avec des juges tout aussi attentifs. On les voit sans peine s’adonner gaillardement à des sudokus, ou alors des mots croisés, des mots fléchés, au game boy ou même lire un magazine osé. Il y avait forcément quelque chose et cela explique tout. L’affaire devient limpide, le verdict compréhensible.

Dire que si le génial inventeur des sudokus n’avait pas décidé de se lever ce matin-là, le quidam de la rue de Berne ou de l’avenue de Lausanne aurait eu l’impression de ne pas avoir été pris pour une bille par les sages de Bülach. Cela n’aurait rien changé à sa paisible vie, mais il aurait assurément eu un petit sourire aux lèvres. Mais non le sudoku a brisé net la justice zurichoise et a servi les intérêts de gros bonnets si doués pour jouer les filles de l’air avec le droit suisse.

blongo

Credits photo: StarbuckGuy et scleroplex sur Flickr

4 Réponses to “Swissair, la justice et le sudoku”

  1. Jean-Bertrand said

    Mon cher Blongo,
    Je me demande si le sudoku n’est pas responsable non seulement du soi-disant verdict de ce soi-disant procès mais en plus de la cause dudit procès: les Bruggisser, Corti, Muehlemann et autres financiers de haut vol (que j’aime la polysémie!)devaient plus souvent noircir des grilles que les chiffres du bilan de Swissair… Et encore, peut-être que le sudoku aurait pu leur enseigner (une deuxième fois ?) les bases de l’arithmétique… Comme il aurait été agréable de voir ces messieurs derrière une grille plutôt que penchés dessus… Espérons (…) que le procès en appel soit plus juste !

  2. blongo said

    Cher Jean-Bertrand,
    Comme je suis d’accord avec cette idée de sudoku durant les conseils d’administration. Et pas que chez Swissair, assurément.
    Malheureusement, concernant le procès en appel, il n’y a aucune chance que la vérité soit rétablie et la justice soit faite…

  3. […] Swissair, la justice et le sudoku […]

  4. Jean-Bertrand said

    Re,
    Deux petites remarques : le « espérons » de mon commentaire était suivi de trois points enfermés (eux) entre deux parenthèses, qu’un logiciel malveillant quoique certainement bien intentionné a transformé en riant smiley. Mes trois points se voulaient éminemment ironiques. Deuxio, tu avais raison, Blongo, ce cher Mario est exempté de tous frais de justice, et pour le dérangement, il recevra quelque 600’000 francs de dédommagement (pour tort moral ? pour aggravation de sa calvitie naissante ? pour avoir remporté le championnat du monde de sudoku des conseils d’administration ? seul le juge le sait… ). A bientôt pour de nouveaux triomphes de la Justice !

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