La culotte à l’envers

Regards sur notre monde

Echange: jolie voix contre jolie frimousse

Posted by Van Breukelen sur 14 août 2008

La frimousse à gauche, la voix à droite

La frimousse à gauche, la voix à droite

Ainsi donc – je réagis un peu après tout le monde, et même après notre fidèle lecteur Coquelicot – la fille qui chantait lors de la somptueuse cérémonie d’ouverture des JO de Pékin était une marionnette dont la voix émanait d’une autre source. La « chanteuse » Lin Miaoke qui interprétait L’Ode à la patrie et faisait fondre en larmes des millions de Chinois ne faisait que mimer. La voix était celle d’une autre fillette, Yang Peiyi, qui, pour son malheur, vient d’apprendre qu’elle est moche. En toute candeur, le directeur musical de la cérémonie a justifié son choix, imposé par le régime: « C’est pour l’intérêt de la nation que nous avons décidé de prendre une fillette plus belle ». Une forme à peine remaniée du célèbre « Sois belle et tais-toi ». C’est sans doute injuste pour Peiyi, mais peut-être aussi pour Miaoke qui vient d’apprendre qu’elle n’a pas une belle voix. Cela met en tout cas en balance d’un côté la beauté et de l’autre le talent.

Des deux dons – une belle voix, une belle gueule – lequel doit avoir la priorité ? A priori, le talent et l’interprétation, reflets possibles de la beauté de l’âme, doivent être mis en valeur plus que la beauté physique. On peut avoir une belle voix et ne rien en faire ou ne pas en être conscient. Mais si on en fait quelque chose, on peut en récolter les mérites, non? Par contre, on peut avoir une belle gueule et ne rien faire d’autre pour avoir quand même la gloire voire – et c’est là que l’on ressent une injustice terrible – qu’on vous attribue en sus un talent que vous ne possédez pas. Et dans les deux cas chinois, ce n’est pas vous qui décidez de quoi que ce soit, c’est le Politburo. Il paraît que la belle pseudo-chanteuse se fait maintenant insulter sur le net – alors qu’elle est aussi une victime d’une manipulation qui pour faire plus beau a fait de la contrefaçon.

Le monde est donc injuste et heureusement que le directeur musical de la cérémonie a, dans sa naïveté involontaire, pu ne pas faire mentir Gainsbourg « La beauté cachée des laids, des laids, Se voit sans délai, délai ». N’empêche que cette histoire – sans même parler de la contrefaçon des feux d’artifice – fait pas mal réfléchir au-delà de l’anecdote.

D’abord, on peut se poser la question du fossé culturel. La notion de propriété intellectuelle n’est pas la même ou n’est pas respectée de la même manière entre la Chine et l’Occident, surtout lorsqu’on met dans la balance l’image de la nation. On le voit à la candeur de l’aveu de supercherie.

Mais ensuite, on peut se poser la question de nos troublantes ressemblances : le culte de la beauté visible, malgré le lénifiant message qu’on dit aux laids « c’est la beauté intérieure qui compte » est un vestige du nazisme qui a la peau dure – fût-elle belle. L’importance de l’image qu’on veut parfaite, sans aspérité sans défaut au point de recourir à l’artifice, à Photoshop, au dopage, aux lucratives opérations de blanchiment de dents, d’épilation totale, de liposuccion, de botoxage, et j’en passe.

Des trucs pour le paraître qui vous pètent à la gueule lorsque le trucage est révélé. Des millions de téléspectateurs dupés qui s’énervent parce qu’on les a trompés, des millions d’amants déçus parce que la lingerie actuelle donnent du volume aux seins et des courbes aux fesses, des millions de sportifs en chambre qui peuvent arracher leurs posters de Pantani, Virenque ou Carl Lewis parce qu’on les a trompés sur la marchandise, des millions de consommateurs naïfs qui se voient privés de leurs faux Lacoste ou fausses Rolex par les douanes.

Des millions de besoin de croire qui se trouvent brisés. Avant de se tourner vers un autre artifice. Tiens en ce moment, j’ai besoin de croire qu’il n’y a aucun lien entre nos trois premiers médaillés olympiques suisses, tous cyclistes, et le fait que la Suisse est leader dans la branche pharmaceutique. Jusqu’à la prochaine révélation bien sûr.

Van Breukelen

  • crédit photo: Getty/AFP repris par plein de journaux

6 Réponses to “Echange: jolie voix contre jolie frimousse”

  1. Coquelicot said

    Bravo, Van Breukelen !!

    Cette fois, la bière, même chinoise, n’y est pour rien !!
    Merci pour ta citation de Gainsbourg ; je t’en offre une autre,
    un peu plus ancienne,
    de Tonton Brassens :

    « Et gloire à Don Juan
    Qui fit reluire un soir
    Ce cul déshérité ne sachant que s’asseoir
    Cette fille est trop vilaine il me la faut !! »

    Mort aux cons, par la même occasion.
    « Mais « il y a peu de chances qu’on
    détrône le Roi des cons »
    Guy

  2. […] https://alenvers.wordpress.com/2008/08/14/echange-jolie-voix-contre-jolie-frimousse/ […]

  3. Beulemans said

    Parce que maintenant il faut croire tous les zievereers qui racontent des zwanzes? Allei zeg, ça suffit. Beulemans est certain que la fille la plus moche qui est restée invisible,va beaucoup faire parler d’elle. On va faire des recherches, du journalisme d’investigation comme on dit aujourd’hui, juste pour la trouver et sa photo sera partout dans le monde entier. En couleurs en plus. Tandis que la pas moche, personne ne la verra plus jamais. Bien fait, na.

  4. El Sinsé said

    Par Steph

    FORTICHES CHINESES….L’illusion menée à la baguette ou le faux démocratiquement dégluti.

    Mercredi 13 août 2008

    Pas mal! Mieux que le balcon du kremlin et plus fin que les hologrammes de Amstrong gambadant sur les dunes lunaires ou des Twins towers se prenant quelques zings virtuels dans la gueule…(Ce qui devait selon G.W.Bush tenir lieu de  » second grand pas pour l’homme »….

    Oui, pour les hologrammes des Twin’s, les ricains avaient du faire péter des tours DE MAGIE en vrai, (Il est notoire qu’elles étaient bonnes pour la réforme à court ou moyen terme, l’acier vieillissant mal….) c’était un peu emmerdant tout ce gaspillage, certes, mais stratégiquement nécessaire nous assure t-on au « pantalone »…histoire de donner du corps à l’ouvrage en même temps qu’à l’Histoire…Las…..

    Mais là, les chineses font dans l’artifice si l’on peut dire et ils y ajoutent le « play back »…Les ratiches trop écartées de la gamine initialement prévue pour tirer la bobinette et la chevillette chuta: elle juraient dans le décor quasi Nord Coréen de la chère cérémonie.
    Après le petit franzozich bêlant fort bien en Mandarin (pas en Mambara, question de standing sans doute!) voici la poupée de remplacement au « petit pied levé », rose comme tout, avec couettes itou, dans le genre porcelaine de Limoges de l’époque Ming…Ok, j’abuse un peu du Kaolin, un cognac local, »tiens ma maine »!. et qui surtout ne dit jamais « Non-Non, Non,non,non-non »…Air connu d’un thon sur le retour! …

    Lire la suite :

    http://realclaaaaashnetwork.ning.com/forum/topic/show?id=2177530%3ATopic%3A2126

    Cré-@ctivement votre

    El Sinsé

  5. […] Echange: jolie voix contre jolie frimousse […]

  6. He’ll hand over his analysis of the feltrite sample after this, so you’ll be able
    to turn that quest in too. Jeanette’s pants suit,
    which was a navy blue, was now nearly black, drenched in sweat.

    The clock verified that it was, indeed, two minutes after six.

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