La culotte à l’envers

Regards sur notre monde

L’exposition au bruit peut dévoyer. Critique de « Music Hole », de Camille

Posted by dragon buté sur 24 avril 2008

Un jour, quelqu’un a décidé de créer la première journée mondiale de quelque chose. Ce jour-là est à marquer d’une pierre noire. Car malheureusement, beaucoup d’autres ont suivi l’exemple de ce triste sire. Journée mondiale de la douane (ça existe, en vrai), du sommeil, de l’infirmière (et pourquoi pas de l’infirmier, je m’interroge), des vieux, de la poste, de la télévision. Il y a une liste, et plutôt fournie.

A quand la journée des chaussettes noires, des soins dentaires, de lutte contre les transports publics bondés ou des Barbapapa?

Bref, l’autre jour, c’était la journée contre le bruit. Un fléau certes. Mais 24 heures pour se recueillir sur la problématique, c’est pas un peu trop pousser grand-mère sur la corde, non?

Eh bien, moi je vais parler de bruits, de plusieurs sortes de bruits, de bruits du corps, de bruissements et de bruitages. Car le dernier album de Camille, « Music Hole », c’est cela.

Camille, donc, cette chanteuse extraterrestre, aime plus que tout l’expérimentation. Pas du genre à se reposer sur ses cerisiers, la cocotte. Dans son dernier album, elle s’aventure, met sa voix à l’épreuve et goûte les bruits du corps.

Tantôt présentatrice de météo (Waves), tantôt mutine (Gospel with no lord), tantôt chanteuse d’opéra (The Monk), tantôt très titi (Cats and dogs), Camille ne se refuse aucune extravagance. Avec beat box, « percussions corporelles », bruissements de la nature… Pour relier tout cela, la répétition est omniprésente. La répétition du mouvement, de la voix, à l’image de « Money note », une (trop) longue série de bruits de bouche.

Outre l’aspect technique admirable, il se passe quelque chose de bizarre avec cet album. Contrairement à l’habitude, la première écoute est assez plaisante, on se laisse embarquer à bord de l’expérience-Camille, on adhère au projet. Les écoutes suivantes sont moins enthousiastes. La lassitude prend le pas sur l’intérêt de la découverte. Lassitude face à des titres trop manichéens, trop apprêtés.

Finalement, le risque avec l’expérimentation, c’est d’y rester. Voilà ce qui manque certainement à ce « Music Hole »: l’aboutissement. Ainsi qu’un brin de spontanéité. Camille est tellement appliquée à suivre le protocole de son expérience qu’elle en oublie l’émotion et surtout la simplicité. Dommage. Mais nuançons le propos. Certains moments de ce « Music Hole » restent de première qualité (les choeurs de « Katie’s tea » et son rythme ou la voix de l’énergumène lorsqu’il lui vient l’idée de chanter).

En conclusion, on a pu lire lors de la journée mondiale contre le bruit, que « l’exposition prolongée [au bruit] entraîne des modifications hormonales chez l’homme ». Pour me prémunir d’éventuelles poursuites judiciaires, je ne conseillerai donc pas une écoute trop assidue du dernier-né de Camille. Histoire de ne pas risquer l' »affolement d’hormones »…

Dragon buté

Le clip de « Gospel with no lord »

« Cats and dogs »

3 Réponses to “L’exposition au bruit peut dévoyer. Critique de « Music Hole », de Camille”

  1. […] La culotte à l’envers wrote an interesting post today on L’exposition au bruit peut dévoyer. Critique de "Music Hole", de CamilleHere’s a quick excerptCar le dernier album de Camille, “Music Hole”, c’est cela. … Tantôt présentatrice de météo (Waves), tantôt mutine (Gospel with no lord),…Certains moments de ce “Music Hole” restent de première qualité … Le clip de “Gospel with no lord” “Cats and dogs”… […]

  2. blongo said

    Moi j’aimerais qu’il existe une journée contre les journées contre!

  3. Jeannette said

    Fidèle à ton nom, en effet, encore une fois dragon, je trouve dur.
    Cet album m’a plu au début et me plait encore à chaque nouvelle écoute. Il y a de ces airs qui s’insinuent dans ma tête, qui joue à cache cache avec mes neurones pour réaparaître qq heures plus tard…et c’est un délice.
    Comme quoi, on a beau avoir des allèles en commun, rien n’est gagné d’avance.
    Un gros bisous qd même

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