La culotte à l’envers

Regards sur notre monde

Quand la communauté Facebook cherche le nouveau rédacteur en chef d’un grand journal…

Posted by patoudoux sur 6 janvier 2010

Quel rédacteur en chef pour Le Temps? se demande Facebook

Quand on parle de réseaux communautaires, Facebook – 350 millions de membres à fin décembre – a supplanté depuis longtemps tous ses concurrents. Et pour cause, le site ouèbe lancé par Mark Zuckerberg et ouvert à tous depuis 2006  ne semble avoir aucune frontière dans son développement. Et son succès, à contrario de MySpace, ne s’essouffle pas.

Dernier (micro) phénomène en date, la succession de Jean-Jacques Roth à la tête du journal « Le Temps ». Un groupe Facebook a été créé par un journaliste extérieur à la rédaction du quotidien pour lancer le débat, et très vite rejoint par plusieurs dizaines de journalistes: mais qui donc possède les épaules et le talent pour devenir le nouveau rédacteur en chef du seul « quality journal » de Suisse romande? Discussions sur le profil du candidat idéal, sur l’avenir du journal, des sondages pour départager les papables,  etc… Au premier abord, le citoyen lambda, pour autant qu’il ait eu vent de l’existence de ce groupe – 370 membres à ce jour, dont une écrasante majorité de consoeurs et confrères -, doit se dire que ces journalistes n’en ratent vraiment pas une pour lancer des débats qui n’intéressent qu’eux, et que tout ça, au final, ne fonctionne qu’en vase clos sans aucun intérêt.

Et puis ce groupe, animé par Gabriel Siegrist, bien connu du microcosme pour avoir lancé largeur.com et toujours très intéressé par les développements médiatiques de la Suisse romande, a pris une dimension supplémentaire avec la parution, ce mardi, d’une interview de l’un des papables au poste suprême. Une interview de Serge Michel insérée sur le mur du groupe sous forme de commentaires rédigés en questions-réponses.  Serge Michel, journaliste talentueux, sérieux candidat, livre son analyse – par ailleurs fort intéressante -, qui sera bientôt suivie par celle d’autres candidats, nous promet l’instigateur.

Je me souviens qu’à l’époque de la fusion entre le « Nouveau Quotidien » et le « Journal de Genève » en 1998, qui donna naissance au « Temps », une plate-forme de discussion en ligne, une sorte de blog balbutiant qui ne portait pas encore ce nom-là, avait été mise en place par une équipe de journalistes. Je me demande d’ailleurs si Gabriel Siegrist, alors jeune journaliste au « Nouveau Quotidien », n’était pas déjà dans le coup… Parenthèse fermée, la démarche « facebookienne » est, à ma connaissance, une première. Encore une fois, elle s’adresse avant tout au petit milieu médiatique romand, et là ne se situe pas l’intérêt – quoiqu’il doit être intéressant de connaître la réaction du conseil d’administration du « Temps » face à ce qu’il faut bien appeler une ingérence. Non, l’intérêt de cette démarche, c’est que celle-ci atteste des nouvelles possibilités offertes par un média comme  Facebook. Nombreux sont les journalistes qui, aujourd’hui déjà, publient leur production sur la plate-forme de réseautage après que lesdites productions aient été diffusées par leur média (que ce soit en presse écrite ou à la TV). Facebook, et plus généralement l’internet, devient donc un prolongement intéressant des supports médiatiques traditionnels qui augmente leur durée de vie, voire se transforme en une alternative permettant la publication d’informations originales, à l’image du cas précité. La TSR, dont la plupart des sujets sont accessibles librement et indéfiniment sur tsr.ch, dispose également de sa propre page sur YouTube et y publie certains de ses sujets originaux. France 24 et Radio Canada font de même, pour ne citer que deux exemples francophones.

Jusqu’où ira-t-on? Où s’arrêtera la communication? Quelle influence une démarche telle que celle de Gabriel Siegrist peut-elle avoir sur ceux qui choisiront in fine le nouveau chef du « journal de référence de Suisse romande »? A ces questions, mon humble personne se sent bien incapable d’y répondre. Mais l’évolution est fascinante.

Avant d’être condamné à mort, Socrate menait ses débats sur l’agora athénienne. Les rumeurs sur le remplacement d’un rédacteur en chef circulaient naguère en coulisses. Nous discutons sur Facebook. Bienvenue en 2010, et bonne année!

Patoudoux

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