L’histoire est hélas trop rare, mais il vaut la peine de la signaler pour saluer le retour de sentiments humains dans une économie faite de seuls chiffres, de croissance et de rentabilité. Cela commence par l’histoire classique: la direction de la compagnie d’aviation Jet Airways licencie 15% de son personnel, 1900 personnes, en raison du ralentissement du trafic passager en Inde et des hausses de prix du carburant. La mise à la porte des jeunes employés avait provoqué une mini-tempête politique. Des centaines d’hôtesses et stewards avaient défilé à l’aéroport de New Delhi avec le soutien des politiques.
C’est là que Naresh Goyal, le big boss de Jet Airways, découvre son ex-personnel en larmes qu’il a viré avec juste un mois de salaire en guise de plan social. Et c’est là qu’il se passe quelque chose de très curieux, que l’on ne rencontre guère que dans les petites structures économiques, les PME, mais jamais au niveau des multinationales. Le patron ne dort plus de la nuit, sa conscience le taraudant depuis qu’il a été ému de voir ses employés malheureux. Il réagit alors en tant que père de tous ses employés et décide d’annuler les licenciements. Le dirigeant indien dit n’avoir agi sous aucune pression – ce dont les cyniques et soupçonneux comme moi doutent un peu. Il reste qu’il demande à son conseil d’administration de revoir sa copie: les entreprises ne devraient pas prendre de décision uniquement fondée sur des critères économiques, a-t-il affirmé. Oui, vous avez bien lu.