Le rouget est un petit poisson de roche à la chair recherchée. Il devient rouge-violet quand il est mort, mais quand il est rouge vif à croix blanche, il s’agit plutôt d’un petit Suisse bourré de talent. Et le méconnu rouget helvétique vient de remporter un succès aussi triomphal qu’inattendu. Mais quittons là les considérations ichtylogiques pour revenir à nos moutons, ou plutôt à nos footballeurs. Car c’est bien de ballon rond dont il s’agit. Rougets est en effet le joli surnom des footballeurs suisses, mais pas les grands, les petits, les moins de 17 ans.
Et ces petits rougets sont sortis subitement de la vase pour éclater au grand jour sur les pelouses du Nigeria. Les poissonnets helvétiques ont remporté la Coupe du Monde de football. Si, si, la Coupe du Monde de foot. Certes, pas celle des grands qui aura lieu l’an prochain en Afrique du Sud, mais celle de M17. L’exploit n’en est pas moins aussi retentissant qu’inouï. Jamais une équipe de Suisse de football n’avait gagné un titre planétaire. Jusqu’ici, les M17 avaient « seulement » remporté le titre à l’Euro en 2002. Mais c’était sans le Brésil et ses génies du ballon ou le Nigeria, vainqueur sortant et finaliste malheureux à la maison. Là, tout le monde était présent et tout le monde a été battu, sans exception.