J’utilise rarement un juron dans mes articles, mais quand même, il y a des trucs qui m’énervent beaucoup et qui justifient ce titre dont la basse vulgarité est compensée par un effet de rime qui me vaudra, j’espère, votre pardon.
A l’inverse de ce que l’on recommande dans les écoles de journalisme, je ne vais pas aller tout de suite au fait même et vous imposerai un détour historique que je crois révélateur. Suivez-moi.
L’affaire du RER D, vous vous souvenez ? Il y a quelques années de cela, en juillet 2004, une jeune femme a affirmé avoir été violée par six banlieusards devant des passagers passifs et sous des insultes antisémites car les violeurs la croyaient juive. Tout cela avait été rapporté ainsi par Libération:
Antisémitisme
Violentée devant des passagers passifs
Une jeune femme de 23 ans, accompagnée de son bébé de 13 mois, a été agressée vendredi dans le RER au nord de Paris, par six banlieusards qui la croyaient juive.
Il se trouve que l’agression était complètement imaginaire et que les médias ont dû se confondre en excuses pour avoir pris la parole de la jeune femme comme vraie. L’histoire était tellement effroyable qu’elle en devenait intéressante et même crédible. On notera que Libération ne met pas de conditionnel dans son sous-titre, donnant ainsi à l’histoire le poids de la vérité quand bien même l’article continuait par :
Les enquêteurs de la police judiciaire de Versailles (Yvelines) assuraient, hier, ne disposer que de son unique témoignage pour tenter de retracer l’agression d’une «petite Blanche lambda de 23 ans avec son bébé». «Aucun autre témoin ne s’est signalé, s’étonnait un haut responsable de la SNCF. Ni physiquement dans les gares, ni par téléphone, ni aux bornes d’appel situées sur les quais.»