Dans la famille Uderzo, il y a le père, Albert, bon dessinateur, assez bon scénariste jusqu’à « la Rose et le glaive » (si, si, je ne lui jette pas la pierre d’emblée), pitoyable ensuite (la galère d’Obélix, Latraviata, Le ciel lui tombe sur la tête). Et il y a la fille, Sylvie, qui ne décolère pas d’avoir vu passer son père à l’ennemi et d’avoir autorisé la suite des aventures du petit Gaulois par un autre. Entre père Albert et fille Sylvie la question qui plombe l’ambiance des dimanches en famille est donc: un personnage de BD rentable peut-il mourir ? Le seul exemple allant dans le sens du oui, c’est Tintin. Encore que Tintin soit immortel, on est bien d’accord. Mais pour le reste, Blake et Mortimer, Achille Talon, Tif et Tondu, Lucky Luke et d’autres dansent encore sur les tombes de leurs pères avant, pour certains, de réaliser que l’on ne peut pas être et avoir été.
Prenons Achille Talon, que je voue aux gémonies maintenant après des années d’admiration inconditionnelle. Le personnage joufflu, orgueilleux et verbeux a été repris par plusieurs scénaristes et autant de dessinateurs; le résultat est nul. On ne retrouve pas le souffle de Greg, le style, l’humour. Les personnages nouveaux sont imbuvables, les anciens n’ont plus le même ton (le directeur de Polite campé par Goscinny représenté maintenant en pur sadique). Catastrophique. Lire le reste de cette entrée »