Trente francs à chaque visite chez le médecin: Pascal Couchepin en est convaincu, sa taxe de consultation est le remède miracle pour éviter l’explosion annoncée des primes maladie. Rien ne sert d’évoquer l’exemple allemand – un monumental échec – pour décourager le roi de la Santé d’imposer sa mesure en Suisse : ce dernier fait partie de ces gens qui ont « génétiquement raison », pour reprendre les termes de la présidente de la Fédération romande des consommateurs (FRC) Monika Dusong.
En réalité, la taxe de consultation n’est qu’un emplâtre sur une jambe de bois. Comme le soulignent en choeur les quatre grands acteurs de la santé – assureurs, médecins, hôpitaux et cantons -, le véritable potentiel d’économies est ailleurs. Il se situe tout d’abord dans le domaine des médicaments, où des centaines de millions de francs peuvent être épargnés chaque année. Mais pour cela, il faut s’attaquer au puissant lobby pharmaceutique, ce que Sa Majesté Couchepin n’a jamais eu le courage de faire.
Le traitement et le suivi des maladies chroniques, qui représentent une forte part des coûts de la santé, est l’autre grand domaine dans lequel d’énormes économies sont possibles. Sur cette question, alors que la taxe de consultation est absolument inopérante, le modèle prôné par la FMH et les cantons – les réseaux de soins – semble très prometteur. Malheureusement, Pascal Couchepin, davantage tyran despotique que monarque éclairé, n’a jusqu’ici pas donné son blanc-seing à cette proposition. Lien de consanguinité avec santésuisse oblige?
Toujours est-il que Pascal Couchepin, enfermé dans ses certitudes, n’a jamais paru aussi isolé, abandonné de tous. Lors de son arrivée au ministère de l’Intérieur en 2003, le Valaisan avait pourtant suscité de vifs espoirs. Aujourd’hui, son trône vacille. Le souverain de Martigny n’a jamais vraiment inspiré confiance à ses sujets mais, avec sa taxe de consultation, il risque bien de perdre aussi le soutien des puissants, voire même celui de sa propre famille. Il flotte comme une atmosphère de fin de règne au royaume de la Santé.
le fureteur