Pour sa nouvelle campagne contre la reconduction de l’accord sur la libre circulation des personnes avec l’Union européenne et son extension à la Roumanie et à la Bulgarie, l’Union démocratique du centre (qu’il serait une fois bon de renommer en Union tout court, car le reste de l’appellation est plus que bancale) a cette fois décidé d’exhiber de vilains corbeaux menaçant la si douce Suisse. Après des mains d’étrangers tentant d’agripper des passeports suisses et surtout la fameuse affiche des moutons blancs repoussant des moutons noirs hors de Suisse, l’UDC a choisi des volatiles intimidants pour soutenir ses thèses anti-européennes et anti-étrangers. Que l’ont soit pour ou contre la libre circulation, le procédé est une fois de plus nauséabond.
Pour dire non à la libre circulation, l’UDC a donc mis en scène trois corbeaux noirs, très noirs, et à l’oeil noir, très noir, qui s’apprêtent à picorer une Suisse rouge à croix blanche et distinctement fermée au monde extérieure. Avec en plus le slogan « Ouvrir la porte aux abus? Non! » Une fois de plus, l’affiche n’a rien à voir avec le sujet: elle ne dit pas non aux bilatérales ou à la libre circulation, elle dit non au Roumain, au Bulgare, à l’autre, à l’étranger, au noir. L’étranger, celui qui n’est pas Suisse et qui en plus n’a pas une couleur de peau bien blanche, est vu comme un rapace, un pique-assiette, un danger. On ne parle pas Europe, économie ou chômage, on parle rejet, discrimination, hostilité franche et ouverte. La vilaine cuisine électoraliste de l’UDC est connue, c’était déjà pareil avec les moutons et les passeports. On n’aborde pas vraiment le contenu de la votation, mais on préfère des symboles certes évocateurs et percutants, mais surtout généralisateurs et xénophobes.