La culotte à l’envers

Regards sur notre monde

Betancourt, soupçons et récupération politique

Posted by Van Breukelen sur 4 juillet 2008

Bien sûr, la libération est toujours une joie. On se souvient de Jean-Paul Kauffmann, Marcel Carton et de Marcel Fontaine en 1985. On se souvient des infirmières bulgares l’année passée. Ou de Florence Aubenas. On assiste ces jours à une autre libération espérée avec celle d’Ingrid Betancourt. Ces bonnes nouvelles sont d’évidents catalyseurs d’émotion collective et font provisoirement taire toute critique, tout soupçon. Sarkozy remontera sans doute dans la côte de confiance des Français. Serait-ce faire preuve de mauvais esprit que de dire que ces libérations tombent à pic pour des hommes politiques malmenés dans les sondages?

La fin du calvaire pour Kauffmann, Carton et Fontaine a coïncidé avec les élections présidentielles françaises de 1988. Et depuis, on a appris qu’une rançon avait été payée . On s’est aussi beaucoup interrogé sur les relations limite limite entre Sarkozy et Kadhafi au moment des infirmières bulgares. Celle d’Ingrid intervient alors qu’Uribe veut assurer sa réélection. Et la Radio Suisse romande semble confirmer que l’opération militaire cache en fait le versement d’une somme – 20 millions de dollars – pour retourner un gardien

Avec Betancourt, il paraissait clair que l’opération était purement militaire avant que l’opération « trop » parfaite suscite le doute. Il semble toutefois possible que Sarkozy n’y est directement pour rien. Ni le ballet diplomatique de la France, de l’Espagne et de la Suisse. Indirectement, le volontarisme sarkozyste a sans doute joué un rôle pressurisant, mais ce qu’il récolte tient plus du gros lot à la loterie que du résultat tangible d’un travail sur le terrain, il faut bien l’avouer. Et le gros lot pourrait bien avoir été versé par les USA…

Dire que la diplomatie n’y est pour rien en cette période de joie est tabou. Ségolène Royal s’y est essayé : »Nicolas Sarkozy n’a été absolument pour rien dans cette libération ». Sur LCI, l’ex-candidate a enfoncé le clou: « tout le monde le sait, c’est une opération colombienne rondement menée, qui a bien marché, qui prouve que les négociations avec les FARC étaient quand même inutiles et n’avaient débouchées sur rien. Je pense aussi que la désorganisation des FARC a permis la réussite de cette opération militaire. En l’occurrence Nicolas Sarkozy n’a été absolument pour rien dans cette libération ».

Même si c’est vrai, ce n’est pas dicible. Raffarin l’a fait comprendre immédiatement après sur RTL: ‘ »Il s’agit d’une faute très grave, de l’agitation politique, une polémique secondaire digne de politicien secondaire ». Et pan dans la gueule. Cette attaque violente sur la personne ne dissimule-t-elle pas l’expression d’un tabou social ? Comme si l’émotion devait être totale, comme si la récupération politique évidente de l’événement est pêché véniel et la critique interdite en ces temps de joie. A vrai dire, les propos de Ségolène Royal ont ceci de maladroit sinon d’indigne qu’elle s’exprime en remettant sur le devant de la scène le bon vieux clivage gauche-droite alors que justement l’émotion est collective et supprime toute forme de division. En somme, elle a beau avoir raison, elle a tort.

Van Breukelen

  • crédit photo : Damouns sur Flickr

Une Réponse to “Betancourt, soupçons et récupération politique”

  1. Eh bien Beulemans n’a généralement pas d’opinion préconçuesur la libération d’otages, mais il recommande vivement aux femmes qui ne craignent pas de passer 6 ans sous la torture dans la jungle d’aller y faire un tour pour s’offrir une dentition superbe du type Colgate holywoodien, une manucure impaccable, une forme physique digne d’un institut de fitness. A qui finalement profite le crime? A la calotte romaine! Bientôt on va procéder à la canonisation de cette femme qui n’a pas cherché à faire parler d’elle, que non que non…
    Et tout le monde marche! Beulemans est comme le lama: quand lui fâché, lui cracher.

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