La culotte à l’envers

Regards sur notre monde

La saisissante libération d’Ingrid Betancourt

Posted by patoudoux sur 3 juillet 2008

Hier au soir, entre 22h et 2h du matin, la télévision a offert , avec la libération d’Ingrid Betancourt, l’un de ces moments qu’elle seule peut se targuer de proposer.  Petit retour à chaud sur un direct à émotion.

Saisissantes images que celle d’une Ingrid Betancourt qui a atterri vers 17h locales à Bogota (minuit heure suisse) avec une quinzaine d’autres captifs. Tout le monde avait en tête cette image inquiétante d’une Ingrid Betancourt  maigre, pâle et aux longs cheveux clairsemés, que l’on avait annoncé atteinte de la malaria et d’une hépatite. C’est pourtant une ex-otage ravissante,  pleine de vie et bien en chaire qui est sortie de l’avion à Bogota,  un chapeau militaire sur le chef et un gilet du même acabit sur les épaules – et, accessoirement, les cheveux joliment tressés.

Saisissante maîtrise oratoire que celle d’Ingrid Betancourt, qui a pour le coup rappelé à des millions de téléspectateurs qu’elle fut il y a près de sept ans candidate à la présidentielle colombienne, politicienne et militante chevronnée, ex-rivale d’Alvaro Uribe. A peine libérée de sa détention dans la jungle,  la Franco-Colombienne s’est exprimée durant plus d’une heure, en espagnol et en français, lors d’une conférence de presse improvisée sur le tarmac de Bogota. Prière en live à la TV, innombrables appels téléphoniques, embrassades et remerciements tous azimuts… Ingrid Betancourt a fait montre d’une présence, d’une fraîcheur et d’une lucidité étonnantes.

Saisissantes auto-congratulations que celles des gouvernements à Paris et à Bogota. D’un côté de l’Atlantique, à l’Elysée, on s’est enorgueilli du rôle déterminant de la France – Nicolas Sarkozy  jouit sans retenue alors que les enfants d’Ingrid rendirent hommage à l’activisme du président -, de l’autre l’armée colombienne a célébré sa victoire comme la Federación Colombiana de Fútbol après un but de Carlos Valderama. A ce petit jeu, il semblerait que les Colombiens  – Alvaro Uribe en tête – aient effectivement de quoi fêter une infiltration en tous points réussis chez les FARC. Quant à Nicolas Sarkozy, sans nul doute qu’il recueillera les lauriers d’une libération attendue depuis plus de six ans, même si son rôle concret reste encore à prouver. Il n’empêche: il a fallu une question orientée d’un journaliste français pour qu’Ingrid Betancourt daigne remercier la France de Nicolas Sarkozy durant sa conférence de presse. Et l’ex-otage s’est surtout attardée sur le rôle de Jacques Chirac et de celui de «son ami» Dominique de Villepin. Sarko a dû débander illico après ce blasphème…

Enfin, saisissant service public: au jeu de la course au direct entre TF1 et France 2, c’est cette dernière qui sort vainqueur, elle qui a gardé l’antenne bien plus longtemps que sa concurrente privée et a ainsi pu offrir aux noctambules – dont je fus –  l’atterrissage d’Ingrid Betancourt à Bogota et sa désormais mythique conférence de presse.  N’est-ce pas un certain Nicolas Sarkozy qui a déclaré qu’il n’y avait pas de différence entre la télévision de service public et les TV privées ? Je trouve cela faux, je trouve cela stupide et je trouve cela profondément injuste*.

Patoudoux

*Patrick de Carolis, directeur de France Télévisions

3 Réponses to “La saisissante libération d’Ingrid Betancourt”

  1. […] La saisissante libération d’Ingrid Betancourt […]

  2. le fureteur said

    C’est pourtant une ex-otage ravissante, pleine de vie et bien en chaire qui est sortie de l’avion à Bogota

    Bien en chaire, Ingrid Betancourt? Je la savais croyante, je ne la pensais pas religieuse…

  3. Beulemans said

    Beulemans se permet de croire qu’il s’agit d’un lapsus calami.
    Quant à la madone de Bogota, vivement qu’on l’incinère ou qu’on la satellise et qu’on ne nous rebatte plus les oreilles avec cette comédienne de série B.

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