La culotte à l’envers

Regards sur notre monde

Un impardonnable affront à la pucelle

Posted by blongo sur 19 avril 2008

Imaginez-vous en vieux et savant conservateur de musée, genre papy à lunettes qui connaît tout sur tout et pour qui le savoir, l’histoire et la généalogie des grands de ce monde vaut plus que tout, plus qu’un mélange entre la finale de la Star Academy et le match de foot opposant le PSG à Carquefou. Imaginez alors quelle réaction vous auriez si, dans votre propre musée, vous tombiez sur un zigoto très très en colère, pour une raison très très obscure. Et que le zigoto en question soit en train de s’acharner sur le symbole des symboles, l’intouchable, la semi-déesse, La pucelle.

Bref, recontextualisons un brin pour tenter de voir un peu plus clair dans cette sale affaire. D’accord, ce n’est rien dans l’actualité d’une journée banale comparé à la mort d’un grand poète ou l’énième péripétie d’une flamme en tournée mondiale. Néanmoins, s’en prendre à une icône sans raison apparente mérite qu’on s’y attarde un instant Pas trop longtemps non plus, il est vrai, pour ne pas faire trop de publicité à ce genre de fait divers attristant, une histoire vraie qui devrait être fausse et qui scandalise la presse.

Mais sus à l’égarement, et retournons à nos moutons, ou plutôt à notre zigoto et à notre pucelle. Le contexte donc: par une pluvieuse soirée d’avril, dans un musée de Rouen consacré à Jeanne d’Arc, un dangereux et sot imbécile s’en prend à un mannequin de cire représentant la pucelle la plus célèbre de ces 500 ans dernières années. Déjà qu’on a eu l’idée saugrenue de la brûler, maintenant on la décapite. De qui se moque-t-on, je vous le demande.

L’homme, car il ne peut s’agir que d’un homme pour sombrer aussi profondément dans la déviance sournoise, a profité de l’heure de fermeture du musée pour s’introduire dans l’espace exposant la scène ultime de la vie de la grande Jeanne. Le malandrin se dit – pourquoi pas? ça ferait plus vrai! – qu’il serait de bon ton, dans l’atmosphère jouasse de la salle, de se munir d’une arme qui ferait très couleur locale. Et le malin singe de dérober la hallebarde d’une autre statue, représentant un des cerbères gardant le bûcher de la pucelle. Hallebarde en mains donc, le fieffé goujat et impertinent notoire se précipite sur Jeanne la pure, la pucelle de cire, et lui coupe la tête.

Quel affront! Quelle tristesse! Quelle abomination! Et notre malfaiteur dérangé ne s’arrête pas là. Il commence à martyriser la tête déjà tranchée, s’acharne avec cruauté à la défigurer, assurément avec une jouissance bien peu saine. Heureusement, notre conservateur bonhomme arrive sur les lieux. S’ensuit une lutte à hallebarde tirée, dans laquelle notre papy historien s’en sort avec les honneurs. Le cuistre est mis en fuite, l’honneur est sauf, mais la tête git à terre, salement amochée.

Si on résume, c’était l’histoire d’un abruti, d’une pucelle étêtée et d’un conservateur héroïque. Le préjudice pécuniaire s’élève à plus de 5000 francs. Comble de l’ironie: si la star d’Orléans arbore déjà un nouveau chef, ce n’est malheureusement plus le sien. Pour ne pas choquer le visiteur, le directeur du musée, qui a rapidement retrouvé ses esprits, s’est empressé d’aller quérir un crâne plus ou moins ressemblant pour en surmonter la pucelle. Notre Jeanne se retrouve donc sans sa tête originelle, mais avec celle d’un mannequin représentant une jeune Anglaise. Heureusement, le musée assure que ce crime de lèse-pucelle n’est que provisoire. Loin de ces préoccupations esthétiques, le malabar est lui toujours en fuite, activement recherché par une police outrée.

La morale? Il n’y en a pas vraiment. Si ce n’est que la sottise n’a décidément pas de limite, que même brûlée, on peut encore être persécutée et surtout que les gestes les plus imbéciles donnent parfois de belles histoires à raconter…

blongo

3 Réponses to “Un impardonnable affront à la pucelle”

  1. Mes Colles said

    ouf! l’honneur est sauf

    il ne l’a que décapitée … mais il parait () que le reste, elle l’avait perdu aussi!

    mais zut, qq l’a dit avant moi, je le découvre maintenant
    http://www.lepost.fr/article/2008/04/18/1182852_rouen-il-decapite-jeanne-d-arc.html?xtor=RSS-30

    M.C.

  2. Coquelicot said

    Moi, je vous affirme qu’elle « l’était » ; la preuve, quand on l’a brûlée, il n’y avait pas de tirage !!

    Et il n’y a pas de fumée sans feu !!

    Mais, tout de même, « la culotte à l’envers », quand donc nous ramènerez-vous à Dagobert ??

    Bravo !

    Guy Dutron

  3. patoudoux said

    S’en prendre à une pucelle, non mais c’est scandaleux!

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