La culotte à l’envers

Regards sur notre monde

Les schtroumpfs noirs

Posted by patoudoux sur 21 avril 2008

Il était une fois, dans un pays fort fort lointain du centre de l’Europe, une modeste tribu de petits hommes bleus. De taille modeste et de couleur azur, on les surnommait les Schtroumpfs, et ils vivaient dans une quasi autarcie, quelque peu coupés du monde. Mais cela leur importait peu. Bien au contraire, ils s’épanouissaient grâce leurs richesses: des artisans du terroir, une monnaie locale et un réflexe identitaire qui les unissaient contre les velléités étrangères – dont ce satané Gargamel et son maudit chat Azraël, toujours prompts à s’en prendre aux institutions de nos bonshommes bleus, à l’image de leur système de redistribution des richesses, qui attiraient nombre d’artisans schtroumpfeurs de l’étranger.

Seulement voilà. Par un beau jour de printemps, piqués par on ne sait trop quelle mouche – la mouche «Bzzz», selon des sources anonymes -, piqûre à laquelle s’ajoute un abus manifeste de salsepareille, aliment schtroumpf par excellence, certains se sont métamorphosés, pour perdre jusqu’à leur couleur légendaire et devenir noirs. Des schtroumpfs noirs, vous imaginez? Un radical (sans mauvais jeu de mots) changement de nature, qui se traduisit en haine et en peur d’autrui, en agressivité, provoquant des pertes de repères. Il n’en fallait pas plus pour créer des tensions dans la communauté schtroumpfe, déjà échaudée par les différences linguistiques entre l’est et l’ouest de leur grand village – un débat avait divisé les linguistes quelques années auparavant pour déterminer s’il fallait dire un «schtroumpf-bouchon» ou un «tire-bouschtroumpf». Et vous, dites-vous schtroumpf vert ou vert schtroumpf?

On s’éloigne, revenons à nos lutins. Symbole de leur déchéance, le Grand Schtroumpf a vu rouge et devint noir, fou et agressif, se mettant à hurler «gnap gnap» («nein nein») tel un écervelé contre ses compatriotes qui ne partageaient pas ses opinions. Surtout, ses attaques, dans un réflexe xénoschtroumpf, s’adressaient en premier lieu aux non-schtroumpfs – à commencer par son ennemi de toujours Gargamel et les non-schtroumpfs désireux de trouver asile en terre schtroumpfe – la légende ne dit-elle pas qu’il n’est possible d’atteindre le village bleu que si un schtroumpf lui-même vous en indique le chemin? Demandez à Gargamel ce qu’il en pense…

Pis: le Grand Schtroumpf, fort de son influence d’artisan accompli, contamina nombre de ses compatriotes à sa «schtroumpfite aigue» – une seule morsure à la queue suffit. Bientôt entendit-on «gnap gnap» dans tout le pays, et les schtroumpfs noirs se multiplièrent aussi prestement que les pains du célèbre Jésus-Christ. Nos braves malades décidèrent même de s’en prendre directement à ce qu’ils appelaient les «moutons noirs» – un comble pour des schtroumpfs noirs!

Dans ce paysage plus si bucolique, des voix s’élevèrent contre cette lente mais sûre contamination du peuple schtroumpf. D’autant que les relations entre les schtroumpfs noirs – qui atteignirent les 30% de la populaschtroumpf – et leurs congénères se dégradèrent au point que les institutions si chères à nos humanoïdes bleus s’en retrouvèrent tout ébranlées. C’est alors qu’un petit groupe de dissidents – toujours bleus – se mit dans l’idée d’évincer le Grand Schtroumpf de sa position de dirigeant, dont l’influence et le comportement devenait gênants.

Appuyés par une majorité des élus schtroumpfs soucieux de retrouver la sérénité, les malfrats mirent leur dessein à exécution et parvinrent contre toute attente à évincer le Grand Schtroumpf du Palaischtroumpf pour y placer…la Schtroumpfette! Jusque-là si discrète, peu connue des habitants de l’ouest du village, les yeux écarquillés, la Schtroumpfette (Schloumpfette pour les habitants de l’Est à tendance germanique) se retrouva projetée au devant de la scène, mais reniée par les schtroumpfs noirs, qui voyaient en elle l’incarnation du mal, la traîtresse ayant participé au «putsch» – bien qu’elle fut longtemps dévouée au Grand Schtroumpf.

Schtroumpf alors!

Vous l’aurez compris, il fait un sacré temps de schtroumpf en terre du milieu. D’autant que les schtroumpfs noirs poursuivent leur expansion malgré le revers de leur chef spirituel – pas sûr donc que le coup de poker savamment préparé par Schtroumpf-du-Valais, Schtroumpf-vert et camarade-Schtroumpf portera ses fruits. Schtroumpfera bien qui schtroumpfera le dernier…

Votre schtroumpfissime patoudoux

4 Réponses to “Les schtroumpfs noirs”

  1. Coquelicot said

    Ainsi donc, comme dirait Beulemans, de la brasserie du même nom, vous savez aussi avoir la Schtroumpf attitude !! Mais à votre manière … un peu, mais pas trop, comme aurait dit notre Jospino- Schtroumpf en son temps !

    Votre peuple Schtroumpf considère qu’il doit être Schtroumpfement gouverné au creux de la courbe dont je me Gauss !!

    Du coup, vous jugez Schtroumpfa-non grata votre Schtroumpfette genevoise trop rouge pour être honnête et vous virez votre Schtroumpfuhrer pour lui substituer une Schtroumpfette Grisonnante !! Et je m’en tiendrai là tant vous me semblez Schtroumpfer ferme !!

    Le tout sur fond de Schtroumpfs noirs jusqu’à l’excès !! Nous ne sommes donc pas les seuls Schtroumpfs noirs gaulois (avec les Schtroumpfs bataves) à avoir nos Schtroumpfs noirs qui ne sont pas pour autant des moutons de même coloration !!
    Dans ma Région, y’en a même qui ont décidé de marcher jusqu’à Paris pour réclamer leurs papiers-Schtroumpfs.
    voir : http://dutron.wordpress.com/

    Et, horreur suprême, ils n’y a pas que des Schtroumpfs noirs qui marchent ; ils sont aussi accompagnés de Schtroumpfs gris !! Et même de quelques blancs, les traîtres !! Je vous Schtroumpferais tous ces Schtroumpfs décadents au Kärcher, moi !!

    Comment tout ceci va-t-il finir, Baronne ??? Ce que c’est que de nous tout de même !!

    Je crois bien chère amie et pour plagier Beulemans, de la brasserie du même nom, que nous allons être contraintes (et toutes contrites pour ne pas dire confites en Bondieuseries) de demander à Schtroumpf Bling, Bling de lui faire une bonne fois la peau …. A la gueuse !!!

    A la tienne Beulemans !! Que la grande Kriek me croque !!

    Guy Dutron
    21 – 04 – 2008

  2. Vive le Grand Schtron !

  3. je dirai même plus : le Grand Duschtron !

  4. […] trop souvent de l’Afrique. Affairés à l’Euro, à de sombres affaires de mœurs, à des bisbilles partisanes, à de vrais-faux procès économiques ou à nos ennuis quotidiens, on n’a pas le temps de crier […]

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