La culotte à l’envers

Regards sur notre monde

Une flamme en bus et un baron mortifié

Posted by blongo sur 9 avril 2008

 « Citius, altius, fortius », plus vite, plus haut, plus fort… La devise olympique est bien malmenée ces derniers temps avec les couacs à répétition qui ont suivi l’attribution des XXIXes Olympiades à Pékin. Et le premier promoteur de la devise, le baron Pierre de Coubertin, doit se retourner dans sa tombe en voyant la dernière mascarade de la sacro-sainte flamme. Paris, 7 avril 2008, la torche subit tous les affronts possibles et imaginables…

Le parcours de la flamme doit être une fête populaire, une liesse à la gloire du sport, une célébration de l’esprit olympique. Voir la lumière des JO traverser les villes du monde doit faire vibrer les foules et aguicher le fan avant le début des épreuves sportives.

Mais, le Comité international olympique, pour une raison qui aurait pu être louable, mais qui s’avère de plus en plus irréfléchie, a décidé de faire le cadeau des Jeux Olympiques à la Chine. Pour ouvrir ce pays communiste, pour mondialiser les joutes et assurément pour combler un acteur toujours plus présent dans la sphère géopolitique. Ce que le comité olympique n’imaginait pas alors, c’est que la souffrance du peuple tibétain allait envahir le sport et même le faire passer au second plan. Des manifestations tous azimuts contre Pékin, avec un soutien toujours plus présent des populations occidentales. Mais pas encore des Etats, trop frileux à l’idée de perdre un partenaire commercial qu’il ne faut surtout pas froisser.

En direct sur les TV, la flamme n’était qu’un point fébrile au milieu d’une foule de gardes. Comme en témoigne le passage de témoin qu’a vécu la malheureuse ex-tenniswoman Mary Pierce dans la vidéo ci-dessous. Chaque relayeur était entouré d’une flopée de gardes du corps, eux-mêmes encerclés de policiers en rollers, eux-mêmes circonscrits par des policiers-joggers du plus bel esprit marathonien. Le tout surveillé de près par des hordes de motards, des véhicules policiers en veux-tu en voilà et même des hélicoptères et des vedettes sur la Seine. Plus de 3000 bonshommes pour une torche, même un chef d’Etat n’aurait pas eu les mêmes honneurs…

Et le summum du ridicule a évidemment fini par se produire. Après des manifestations de colère à Olympie et à Londres, la flamme est arrivée à Paris, la cité des Lumières et de la liberté. Et la torche aurait dû traverser la capitale applaudie par la foule. Mais des militants osaient menacer ce symbole et critiquer le joug chinois sur le Tibet. Et la fête a pris fin, très vite, car le défilé festif s’est mué en un cortège militarisé et chaotique. 

Huée, la flamme a fini par mordre la poussière. Harcelés, les organisateurs ont dû renoncer. Vive la fête olympique, la flamme s’est enfuie dans un bus. Les relayeurs ont dû ranger leur rêve de gloire, à la fois triste de ce moment volé et satisfait d’avoir échappé à une tentative d’agression. La torche a dû être éteinte, ô crime de lèse-olympisme, et a effectué le dernier quart de son parcours enfermée dans un car, loin du regard et des possibles perturbateurs. Adieu cérémonie à la mairie, adieu « Maman j’ai vu la flamme », adieu course vers l’esprit de Coubertin.

Et, après une si belle journée, la devise olympique devient « pessimus, tristius, ridiculius ». Courage, baron, et vivement 2012 !

blongo

8 Réponses to “Une flamme en bus et un baron mortifié”

  1. […] toutes la flamme olympique, à côté du grotesque d’une situation décrite ici par mon ami Blongo, on peut s’interroger sur le parcours même de la flamme olympique. Indépendamment de la […]

  2. mes colles said

    un autre point de vue sur l’olympisme .. http://rleb07.free.fr/opinions/coubertin.html

    j’aime bien : reprenons un slogan de mai 68 au risque d’être « ringard » : « Fermons la télé, Ouvrons les yeux. »

    – sauf bien sûr le Teletext !

    m.c.

  3. Beulemans said

    J’aimerais corriger une erreur. Je sais pas si on sait être si sûr que ça que le baron de Coubertin se retourne dans sa tombe. Je me suis laissé dire qu’il avait été incinéré.
    Beulemans, de la brasserie éponyme.

  4. Mes Colles said

    pour le .. au pseudo belge
    la réponse est ici : http://www.lausanne.ch/view.asp?DocId=26961

    m.c.

  5. Coquelicot said

    A votre intention, un petit point d’histoire : la devise Olympique est née à Arcueil. « Citius, Altius, Fortius » était la devise du collège religieux qui se trouvait dans le plus vieux bâtiment du site Caisse des Dépôts d’Arcueil. Coubertin y a fait ses études et à piqué la devise de ses maîtres.
    Jadis, lorsque j’étais Directeur de l’Etablissement CDC d’Arcueil, j’ai eu l’insigne honneur d’y recevoir, outre les huiles (et certaines étaient très grasses) de la CDC, Marcel Trigon, Maire d’Arcueil de l’époque et ce vieux crabe de Nelson Paillou.

    Je me suis fendu d’un p’tit discours, Marcel le sien et Nelson nous a barbé une demi plombe alors que tout le monde ne pensait qu’à boire un coup !!

    Puis, nous avons apposé sur la façade de l’Etablissement (au 16 rue Berthollet) , une plaque gravée en inox indestructible qui commémore l’évènement !!!

    Hé,les amis si on déboulonnait la plaque ??? C’est pas chinois, tout de même !! Ou alors, une p’tite manif durant laquelle on demanderait qu’outre le trou de la sécu, l’on rebouchât les trous des tombes des condamnés à mort chinois ! Là, Kouchner, y pète un cable !! J’suis volontaire pour la prise de parole, avant le maire, bien sûr !!! Salut aux castors de la Bièvre !!
    *Vous qui êtes francophones savez certainement que « Bièvre » est le nom du castor en ancien français et que la Bièvre coule à Arcueil !! Ah ! Culture quand tu nous tiens !! Il n’empêche qu’avec, au départ, un Baron voleur de devise … nous bouclons la boucle !!

    Guy Dutron 18 – 04 – 2008 http://dutron.wordpress.com/

  6. […] de se retourner dans sa tombe parce qu’il est incinéré et quelques minutes plus tard, on vous donne l’allée et le cimetière où le baron gît. Ce qui ne permet d’ailleurs pas plus de […]

  7. […] juillet 2008 Au moment où le Zimbabwéen Robert Mugabe s’enfonce dans ses errements, où le Tibet est retombé dans l’oubli après un passage éclair au sommet de l’agenda médiatique, […]

  8. […] pu croire que la situation se détendrait après les fiascos au Tibet et sur le parcours de la flamme. Mais […]

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